21.9.16

PROJET DE FIN D'ETUDES

Il sagit de mon projet de fin d'études fait au sein de l’école d’architecture de Paris Belleville. Ce projet a été imaginé dans la ville de Sfax en Tunisie, le but du studio était de trouver une problématique forte dans cette ville du sud de la Tunisie et de tenter d’y remédier par un projet architectural ou artistique. Je présente ici une réflexion et une opération artistique conceptuelle pour répondre à une problématique. 



A Sfax, la pollution de la ville saute aux yeux, la mer n’est pas accessible et celle-ci est trop polluée, une decharge sauvage gagne peu à peu du terrain sur la méditerrannée et le va et vient des camions  rend l’atmosphère irrespirable. On comprend très vite qu’une partie de cette pollution est dû au phosphate, un minerai qui lors de sa transformation en engrais chimique, pollue les sols, l’air et l’eau.
La Tunisie est l’un des principaux exportateurs d’engrais phosphatés chimiques dans le monde, une partie importante de l’économie Tunisienne repose sur cette industrie. La proximité de Sfax avec les carrières de minerais phosphatés situées 180 kilomètres à l’ouest près de la ville de Gafsa, a fait de son port, un carrefour stratégique pour l’embarquement des phosphates vers l’Europe, L’Afrique ou l’Asie. C’est aussi dans la capital du sud de la Tunisie, qu’est transformé le précieux minerai avant son exportation. A la suite de réactions chimiques, les roches dissoutes à l’acide sulfurique, peuvent être consommées par les plantes comme engrais.

Mais si Sfax est riche du phosphate, elle en est aussi victime. Cette industrie est gourmande en eau et génère des tonnes de déchets, le phosphogypse, un sable composé d’éléments radioactifs, de métaux lourds, d’acides et de restes d’engrais. La quantité de déchets est telle, que la seule solution pour la Tunisie est de stocker le phosphogypse à l’air libre, au contact du vent et de la pluie.




Cycle du phosphate



SFAX, ville du phosphate tunisien



implantation du phosphate à Sfax



Empreinte du sarcophage recouvrant le phosphogypse



Compagnie des phosphates de Gafsa - Stockage à l’air libre du soufre



Compagnie des phosphates de Gafsa - Stcckage à l’air libre du soufre



Usine SIAPE - Soufre le long de la voie ferrée reliant les usines entre elles



Usine SIAPE - Montagne de phosphogypse



Usine SIAPE - Montagne de phosphogypse



Pollution au phosphate à Sfax






Analyse du littoral



Conséquences de l’industrialisation



Chronologie, un siècle d’industrie phosphatière

Si Sfax est une ville qui tourne le dos à la mer, c’est parce que pendant de nombreuses années, l’industrie et le phosphate ont pollué et conquis un littoral aujourd’hui ravagé. 

Malgré le fort pouvoir économique que représente le phosphate, la démocratie naissante du pays, permet à la population de s’exprimer et de monter des associations environnementales pour dénoncer les ravages du minerai. A force d’acharnements et face à l’urgence de la situation, l’industrie phosphatière commence très lentement à disparaître et laissera derrière elle, dans quelques années, de nombreux vestiges, qui sont par leurs démesures des éléments forts dans le paysage urbain de la ville.  

À 5 kilomètres au sud du centre ville, en bordure du littoral, à quelques mètres des étangs salins et d’un sanctuaire où les flamants roses viennent passer l’hivers, se trouve une importante usine de transformation du phosphate, la SIAPE et son imposante montagne de phosphogypse, un kilomètre de large et 63 mètres de haut. C’est le seul relief de la région, qui se distingue aisément à l’horizon depuis le centre ville de Sfax. 



Les cicatrices du phosphate



Projet : Montagne de phosphogypse



Des études cherchent des solutions pour valoriser ce phosphogypse, mais pour le moment, seule sa transformation en carreaux de plâtre est possible, mais le plâtre produit est de faible résistance et son coût de production est supérieur à celui d’un plâtre classique. Et de toute façon, même si l’on venait à transformer ce phosphogypse, cela ne concernerait que un-tiers de la montagne, tant les quantités de déchets sont astronomiques. Pour le moment, rien n’est donc envisageable. Ce projet de PFE vise à trouver une situation d’urgence peu coûteuse pour éviter que la pollution ne perdure lorsque l’industrie du phosphate se sera éteinte. 



Aux vues des schémas précédant, les principaux problèmes de ce terril, sont l’infiltration de l’eau qui pollue les milieux aquatiques, ainsi que l’envol des poussières inhalées quotidiennement par les habitants. 

Dans un premier temps, le projet consiste à rendre imperméable la montagne de sable polluant en l’habillant d’un manteau de plastique jaune. Et dans un second temps, permettre son ascension pour observer le paysage de Sfax sous un autre angle ( les salines, les champs d’olivier, la médina ). Il faut donc rappeler, que cette montagne est faiblement radioactive, que son isolement par une bâche plastique de bonne épaisseur, permet d’éviter tous contacts avec les poussières nocives. 
Projet : Intentions

Projet : Land-Art et phytoremédiation



La couleur naturellement grise de cette colline polluante s’intègre parfaitement dans les paysages environnant. Ce qui en ferait presque oublier que cette montagne n’est pas naturelle et dangereuse. L’ajout de la matière plastique synthétique et ce jaune vif sont là pour rappeler l’aspect chimique de ce relief et le dissocier du paysage. Cela permet également une visibilité depuis le centre ville, pour donner envie de venir voir ce qui se passe la-bas et d’alerter sur la nécessité de trouver des solutions à ce déchet. 
De plus, la couleur jaune, est à la fois la couleur symbole de la radioactivité, mais aussi celle du soufre, minéral essentiel à la transformation du phosphate en engrais. 

L’ascension de la colline est possible,  une promenade/randonnée est organisée, passant à travers la zone phytoépuratrice et sur la montagne. Elle est située hors sol, sur des caillebotis qui permettent à la fois, de pas pas marcher sur le sol contaminé en périphérie, mais aussi de ne pas abîmer la bâche en plastique. Le parcours offre à l’est des vues sur la campagne et les champs d’oliviers et à l’ouest un belvédère sur le centre ville, la médina, les salines et les étangs qui sont un refuge pour les oiseaux. 

Projet : Récupération des eaux pour la phytoremédiation


Le périmètre autour étant également contaminé par les eaux ruisselantes et les poussières, il doit être nettoyé. Les éléments toxiques s’étant infiltrés dans le sol, seule la solution de la phyto-épuration est envisageable. Les plantes, grâce à leur racines, vont venir capter les éléments nocifs en profondeur par leur système racinaire pour ensuite les assimiler et les transformer. Pour la dépollution des nappes phréatiques, de la mer et des salines, seul le temps en viendra à bout. 
De plus, un large fossé est creusé autour de la montagne, pour récupérer les eaux ruisselantes sur la surface plastique, et ainsi alimenter en goutte à goutte les plantes phytoépuratrices. D’un point de vue esthétique, ce plan d’eau, fonctionne également comme un miroir d’eau, dans lequel la montagne se reflète. 


Ce projet est volontairement choquant, pour apparaître comme un tache dans le paysage, un lieu de curiosité. Il est praticable pour permettre à la population de redécouvrir son littoral et d’en avoir un aperçu très large en prenant de la hauteur. C’est aussi un projet peu coûteux et rapide à réaliser, de façon à facilité sa désinstallation lorsque des solutions seront trouvées pour l’avenir du phosphogypse. Le phosphate ayant entraîné une confiscation du littoral, son déclin signe la reconquête du littoral par les Sfaxiens. 







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